Publié le 14 Avril 2016

 

    « Etre une star ou une personnalité de rang mondial n'est rien. Parfois même on ne choisit pas de voir s'abattre sur soi l'amour de la foule, comme ces vedettes de la télé-réalité qui ne savent rien faire de leurs dix doigts et semblent élues par le désir de la société. Etre champion comme je le suis moi, au maximum de ses capacités, est une toute autre paire de manches... La notoriété n'entre en rien dans votre accomplissement de triomphateur, mélange d'humilité, d'orgueil, de projet et d'action. Moi-même, je suis un champion et une star. Mais avant de devenir une star, j'étais un champion qui tout aussi bien aurait pu ne jamais devenir célèbre... Je vous le redis, si vous tenez ce livre entre vos mains, c'est que vous avez déjà effectué la moitié du chemin pour révéler votre valeur, à vous et aux autres. Ne vous laissez pas polluer par le monde extérieur – médias, famille, crédits, stress. Etre champion, c'est être Dieu, tout seul. »

Frédéric Ciriez, Je suis capable de tout, ed. Verticales, 2016

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Publié dans #lectures

Publié le 13 Avril 2016

« L'imagination n'est fertile que quand elle est futile »

Nabokov

Par bien des aspects, ce livre ressemble au Manuscrit trouvé à Saragosse, de Jan Potocki. On y retrouve des références chères aux Mille et une nuits, à Dom Quichotte, aux contes à tiroirs, dans un cadre de voyages implanté tout autour de la mer Méditerranée. Mais Blas de Roblès y adjoint une histoire contemporaine qui, tout en ne constituant peut-être pas le meilleur morceau du livre (l’érudition de la partie baroque sur le jésuite Athanase Kircher est plus réussie), donne une dimension moderne au récit. Par là même, l'auteur pointe du doigt des défauts inhérents à la construction de certains romans contemporains. Les personnages semblent dépendants d’idéologies qui les dépassent… Le héros, Eléazard von Wogau, est empêtré dans une marée de bons sentiments. Incarnant une sorte de dandy malgré lui, il pourrait par moments rappeler la grâce du cynisme désenchanté du consul d'Au-dessous du volcan, s’il ne choisissait le camp du nihilisme. D’une manière générale, les personnages semblent désespérément postmodernes, incarnant par leurs prises de position un peu contradictoires un discours dans l’air du temps dont l'auteur n'est à mon avis pas dupe.

Dans le même temps, J.M. Blas de Roblès nous narre en filigrane les aventures rocambolesques d’un jésuite du nom de Athanase Kircher. C'est la meilleure partie du livre. L’auteur excelle à recréer son personnage de jésuite érudit, qui s’est toujours trompé sur tout, mais n’en a pas moins été célébré à son époque, accompagné en toutes circonstances de son Sancho Pança de bénitier, Caspar Schott. La partie sur Kircher est d’autant plus jouissive que l'on peut s’amuser à en vérifier l'authenticité par la suite.

Moralité : plus un auteur excelle dans la recréation du passé, moins il se compromet dans les affres du présent. La partie Renaissance est suffisamment réussie pour qu’on tourne les pages avec avidité. Je déplore que Blas de Roblès ne se soit pas plus immiscé dans la boue du contemporain – comme il le fait davantage avec son livre suivant : L'île du point Némo. Là où les Tigres sont chez eux est néanmoins un livre solide, déroulant les deux pans d'une même Histoire dans des intrigues aux consonances parallèles, et jouissant de l'imagination fertile et de la luxuriance d'une époque qui - semble nous dire l'auteur - est morte et révolue.

Ed. Zulma

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Publié le 5 Avril 2016

     L’une des choses qui m’intrigue le plus, chez mes contemporains, c’est l’incuriosité. Quand on naît, qu’on est enfant, le monde est pour nous un émerveillement, on est curieux de tout. Cette propension à l’émerveillement, dieu sait pourquoi (mais plus probablement que dieu, la société le sait), on finit par la perdre. Ce qui est navrant, c’est que cela touche toutes les couches de la société (des moins immodestes aux plus démunies). Mis à part les étrangers, qui ont peut-être une raison supplémentaire d’être curieux, puisqu’ils vivent dans un contexte différent de celui qui les a engendrés. Mais est-ce la seule ? N’y a-t-il pas, dans notre société française, dans son penchant à l’autofustigation, quelque chose qui nous y prédispose ?... Vous pouvez regarder partout, ça se retrouve à tous les niveaux : les bourguignons qui sont incurieux vis-à-vis des bordelais. Les parisiens qui sont incurieux vis-à-vis des provinciaux. Et les habitants d’une petite ville de province qui sont incurieux vis-à-vis du nouvel arrivant, lorsqu'il vient troubler leurs habitudes. Chose peut-être plus étonnante encore, les gens qui sont sur les réseaux sociaux, et qui devraient s’intéresser à tout ce qui s’y passe, sont incurieux de ce qui s’y passe vraiment. D’où vient cette incuriosité ?... Y a-t-il dans les phénomènes de l’individualisme, ou dans l'agrégat des communautarismes, quelque chose qui fait que nous n’aurions plus le temps de nous intéresser à notre prochain ?...

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