Karoo

Publié le 22 Septembre 2014

   De ce livre, je peux dire que j’ai longtemps tourné autour avant de l’aborder. De la même manière que les deux cent premières pages des Détectives sauvages (Bolaño), le début postmoderne, un rien blasé, m’a un temps tenu éloigné de sa volumineuse reliure dorée. Quelqu’un devait me le prêter, me le donner, me le reprendre - finalement je l’ai emprunté à la bibliothèque. Je n’ai pas été déçu. Le personnage est singulier, suscite la tendresse, et la compassion. L’idée d’en avoir fait un rewriter qui transforme les chefs-d’oeuvre en calamités – ou les mauvais livres en blockbusters d’Hollywood, au choix – est assez séduisante. (C'est l’alchimiste du 21ème siècle). Les personnages qui tournent autour de lui sont intrigants. Même son ex-femme, rasoir, représente bien un archétype de notre société, avec sa façon d'aborder tout par le versant psychanalytique. La construction présente à partir du deuxième tiers un petit hiatus, du moins de mon point de vue, qui m’a d'autant plus surpris qu'il s'agit de l'oeuvre d’un ancien scénariste d’Hollywood. Le narrateur nous allèche avec son histoire d'amour (l'idylle entre son fils unique et une anonyme mère porteuse) avant de finir par l’abandonner, sans prévenir, en expédiant ad patres les deux protagonistes dans une scène d’accident un peu improbable... Le livre se termine sur une rencontre avec la mère du héros où le narrateur s’apitoie sur leur impossibilité à communiquer. Cette fin justifie probablement que la pente du pathos ait été ici empruntée. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de trouver la disparition des deux êtres aimés un peu paf-le-chien. Karoo reste un excellent roman, inhabituel, au caractère attachant, qui distille une envoûtante impression de se déjouer des clichés du postmodernisme en ne tombant jamais dans l’ironie systématique, ou le rejet du premier degré.

 

Rédigé par le boldu - blog littéraire

Publié dans #lectures

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