Les fils de David
Publié le 14 Mars 2023
Alors voilà le topo. Le week-end dernier, avait lieu à Saint-Tropez le grand rassemblement annuel des conducteurs de Harley. De tous les coins d’Europe, les gars ont débarqué, peinards, sur leurs bécanes rutilantes. Cuir & acier trempé, moustaches rebiquantes, gros guidons et bières fraîches. Autant dire que Tropez les vit entrer d’un mauvais oeil. C’était sa fête ce week-end-là (la « Saint Tropez »), et les motards eurent tôt fait de se voir reconduits à la frontière. « Désolé, m'ssieurs-dames, mais c’est jour de bravade ce samedi. On ne peut pas vous accueillir ! » Poliment mais sûrement, les poilus acceptèrent de se replier en direction du petit village de Grimaud, dans l’arrière-pays montagneux. Où l'on s’empressa de récupérer l’événement. «Nous, habitants de Grimaud, petite cité de caractère qui a abrité les plus grands ducs d’Oc et de Provence, acceptons d’héberger les fils de David – hommes, femmes, et pots d’échappement ! ». L’affaire fut entendue, et l’après-midi même, les bikers débarquaient, en masse, dans les rues de la ville. Tout ceci pour l'élection annuelle de la plus belle harley. Un fracas de tous les diables. Plus de cinq cents motos se retrouvèrent alignées le long des pierres de la vieille ville. Pour un peu, c’est le patrimoine de Grimaud qui y serait passé si la civilité des bikers ne s’était révélée exemplaire. Placidement, mais sûrement, l’élection se déroula dans une ambiance bon enfant. Nappe et vin rouge qui tache, photos-souvenirs sur les escaliers, podium de moustachus. Tout cela se passa dans une ambiance bourdonnante et crissante d'insectes – jusqu’à ce que, vers 17h30, l’un des fils-de-David sonnât le glas du départ. « C'est l'heure » fit-il à l'intention de ses collègues. « On y va...» Et la meute s'ébranla. Le timing de leur trajet-retour fut plus ou moins approximatif. Et c’est ainsi que je les croisai, quelque temps plus tard, dans Saint-Tropez. Les gars débarquaient, en file indienne, en klaxonnant. Ça pétaradait, à qui mieux mieux. Comme j'ignorais tout de leur présence, je demandai à l'une des personnes amassées dans la foule pour les regarder ce qu’ils faisaient ici. La personne me répondit :
– Du bruit !