Sur les flux proprement dits

Publié le 19 Avril 2013

     

     Les flux sont des mouvements de données, de pensées, d’informations (bref : des données immatérielles) qui passent à travers nous, et nous changent. Nous le pressentons : il est difficile d'en sortir indemnes. Certains gardent un peu de sens critique par rapport à cela. Mais la majorité ploient sous le poids du nombre, et finissent par répéter ce que l’époque, c'est-à-dire les média, la doxa du moment, les modes, leur demandent de dire. Ce système n’est défendu par personne. Ou plutôt : il l’est, par tout le monde, dans la mesure où ces flux touchent tout et irradient tout le monde en même temps. Nous en sommes tous complices, 5526543-binary-planete-au-cours-circuit-et-entoures-par-des à partir du moment où nous les laissons pénétrer à travers nous, les alimentons, de notre servitude. Il n’est pas possible de se rebeller. Toute personne qui se dresse contre le flux est aussitôt récupérée, parce que la récupération de la pensée lorsqu'elle devient audible est l’un des principes mêmes de son alimentation. Il se nourrit de chaque chose, et se repaît de chaque homme – ce peut aussi bien être une protestation, une récrimination, qu’un crachat. Cela ne l’atteint pas – ou plutôt même, cela le nourrit (« tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort»).  La seule façon de « lutter », c'est de se mettre à l’écart. C’est à peu de choses près l’attitude professée par les groupuscules d'extrême-gauche – ou certains narrateurs déclinistes dans la littérature de l'entre-deux-guerres (Walser, Hamsun, Kafka)... « Combattre » le Flux, c'est être capable de s'isoler à l'intérieur de lui. Dans la pensée, dans les villages isolés de son arrière-pays, dans les puces et les circuits de son ordinateur. Il faut pour ça alimenter une pensée qui ne soit pas récupérable. Etre à la fois partout, et nulle part en même temps. Ce qui implique de nourrir une vision qui prenne le « risque » d’être complexe. Qui soit non transformable en un "pitch". Ce combat ne se résume pas à quelques pétitions sur internet, ou à quelques sursauts de rébellion bien-pensante à même faire frissonner les réseaux sociaux. L’ « ennemi » n’a pas de chair, d’odeur, ni d’enveloppe charnelle remarquable. Il est partout – et en tout le monde en même temps. 

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Rédigé par le boldu - blog littéraire

Publié dans #Pensées

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C
I never used to read French articles because I do not know French. But I am a regular visitor of this website and a big fan of yours. I am a writer too. Mostly tech articles though. I have to manually translate the page using Google translate to understand this. Thank you for your insights on Fluxism. That will be my next topic.
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L
Thank you for your appreciation !