Veilleur de nuit (VI)

Publié le 10 Décembre 2012

 

       Lors de ma dernière ronde, j’avais les yeux fermés quasiment tout le long. Je ne les rouvrais qu’au moment de mettre la clef dans le boîtier d'assurance. Tout le reste, je le faisais penché, en avant, dans la position que j'occupais approximativement quelques instants avant : allongé, sur le divan. Je manquais de me cogner contre les murs. Si quelqu’un m’avait vu, il aurait probablement pensé à un zombi, ou à un robot, enchaîné à son boîtier d'assurance comme le bagnard à son boulet. Lorsque je me réveillais, je ne savais plus trop où j'étais. Je regardais, hagard, autour de moi. Je voyais une silhouette qui s'avançait dans la galerie ; et ça me ramenait à la réalité. La personne marchait, clopin-clopant. Puis elle s’engouffrait dans un couloir, ou dans un embranchement. C’était un peu irréel, je me souviens. Je la voyais rentrer, après lui avoir ouvert la grille. Et puis je la voyais marcher, dans le couloir - et puis tout à coup elle disparaissait, inexplicablement, happée par une porte ou par un couloir sur le côté. Je ne pouvais me défaire du spectacle de ce perpétuel escamotage. Où pouvait-elle donc être ? Dans quelle portion d’espace-temps s'était-elle échappée ?... Je tenais là un sujet d’écriture, je le sentais. Mais par où commencer ?

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A venir : Veilleur de nuit (VII)

Rédigé par le boldu - blog littéraire

Publié dans #Journal

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